Hélène Clerc-Murgier Pauline Warnier

Nous remercions chaleureusement Davitt Moroney qui nous a offert la gravure représentant Laruette 

Fils d'un commerçant qui tenait une boutique de parfumerie, ganterie... rue des Cordelliers, il reçut une bonne éducation. Laruette jouait du clavecin, chantait avec art et disait des vers en comédien-né, était de plus un fin lettré, et un homme de la plus parfaite éducation*.

En 1752, il fait ses débuts à l'opéra comique pour doubler Deschamps défaillant, où il joue des rôles d'amoureux. Il fait ses débuts avec le boulevard le 24 août 1758. Plus tard, il joue des rôles de vieillard, malgré sa voix de ténor léger. Il acquiert une réputation telle, que les rôles de pères, banquiers, etc. seront écrits pour voix aigues et sont encore connus sous de nom de laruettes.

En raison de sa culture et de son intelligence, il devint le « directeur de la musique » de ce théâtre dirigé par Jean Monnet. De sociétaire à la Comédie-Italienne (1763), Laruette deviendra membre du comité (1766) Comme compositeur, Laruette participe activement au développement de l' opéra comique et devient, avec Duni, le créateur de l' Opéra-Comique tel qu'il est caractérisé -c'est-à-dire un mélange de musique et de texte parlé et devenant le précurseur de Monsigny et F.-A. Philidor. Il compose jusqu'en 1772, mais sa santé fragile l'oblige à quitter le théâtre en 1779.

Il continue à donner des récitals jusqu'en 1785, et était membre de la Société Académique des Enfants d'Apollon.

OPERAS de Jean-Louis Laruette :

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- Le plaisir et l'innocence (14.8.1753 Paris)
- Le boulevard (24.8.1753 Paris)
- Les amans trompés (26.7.1756 Paris)
- Le diable à quatre, ou La double métamorphose (19.8.1756 Paris SL) [+ F.-A. Philidor]
- La fausse aventurière opéra comique en 2 actes, de Lourdet de Santerre, représenté à la comédie italienne) (22.3.1757 Paris)
(Anseaulme, Duni et Laruette) (13.2.1758 Paris )
- L'heureux déguisement, ou La gouvernante supposée opéra comique en 2 actes, mêlé d'ariettes, paroles de Marcouville, joué au théâtre de la foire St-Laurent (7.8.1758 Paris)
- Le médecin de l'amour (opéra comique en 1 acte, en vers, mêlé d'ariettes, paroles d'Anseaulme et Marcouville, donné à la foire st-Laurent (22.9.1758 Paris) Le sujet de cette pièce est le même que Stratonice. Le roi de Syrie a été transformé en bailli du village, et tout le reste à l'avenant. Cette pièce a été remise en musique par St-Armand et par Coignet.
(21.2.1759 Paris) L'auteur de la musique est moins connu maintenant comme compositeur dramatique que comme auteur, parce que, jouant les rôles de père et de tuteur, plutôt qu'il ne les chantait, il a donné son nom à l'emploi des acteurs sans voix dans ces sortes de personnages. (Dictionnaire lyrique-Félix Clément et Pierre Larousse (1869)
- L'ivrogne corrigé, ou Le mariage du diable (opéra comique en 2 actes, paroles d'Anseaulme, donné à la foire St-Laurent (24.7.1759 Paris)
- Le dépit généreux (opéra en 2 actes, paroles de Anseaume et Quétant. Représenté à la comédie italienne) (16.7.1761 Paris)
- Le guy de chesne, ou La fête des druides (pastorale en 1 acte, en vers libres, avec des ariettes, paroles de Jonquière, représentée aux Italiens (26.1.1763 Paris) La cérémonie de la récolte du gui sacré, célèbre dans l'histoire de la Gaule, a fourni l'idée de la pièce. La musique de Laruette est tout à fait oubliée. Il était bon acteur dans les rôles de père ou de tuteur, et il a donné son nom à cet emploi lorsqu'il est tenu par des artistes privés de moyens vocaux et chez lesquels le jeu supplée à l'insuffisance de la voix (Dictionnaire lyrique-Félix Clément et Pierre Larousse (1869)
- Les deux compères (opéra comique en 2 actes, de Lourdet de Santerre, représenté à la comédie italienne) (4.8.1772 Paris)

TEMOIGNAGES de l'époque

Mr de la Ruette, auquel indépendamment de l'intelligence et du tact musical, on reconnait aujourd'hui des talents pour la partie de comédie qui étaient moins en évidence sur un autre théâtre
Mercure de France, mars 1762*

Il répare à force d'art la nature la plus ingrate. C'est un musicien consommé.
Bachaumont, Mémoires secrets, tome 1, p.36*

"LA RUETTE (M). Cet Acteur étoit Maître de Musique, & débuta à l'Opéra-Comi. en 1752, pour les rôles d'Amans: il y fit ensuite aussi ceux de Pere, de Tuteur, &c. & passa au Théatre Italien lors de la réunion de ces deux spectacles. Il y joue les mêmes rôles avec beaucoup d'intelligence, & a un goût infini pour le chant & la composition; (...) Il épousa en 1762 la Demoiselle Vilette, qui avoit débuté à l'Opéra, & étoit reçue déja au Théatre Italien depuis l'année précédente pour les rôles d'Amoureuses. Cette jeune & aimable Actrice a une fort jolie voix." [AS]
Léris (de), 1763, p. 612

Il faut penser aussi qu'un des principaux traits de caractère de Laruette est une malice de bon aloi, une certaine gaité doublée d'ironie qu'il n'a pas manqué de verser dans certaines pages que nous hésitons à qualifier de terriblement ingénues ou habilement malicieuses.
Paulette Letailleur II p. 161

L'orthographe de son nom varia avec sa fortune. Du Laruette de ses débuts, il devint La Ruette lorsqu'il passa à la Comédie-Italienne. Il signa toujours Laruette.
Paulette Letailleur I p.187

Il a été décidé que les sieurs Jean-Louis Laruette, Audinot et Clairval et les demoiselles Deschamps et Neisse seraient admis dès ce moment dans la troupe des comédiens ordinaires du roi et que, jusqu'à Pâques, ils jouiront des appointements portés par leurs engagements de l'Opéra-Comique. Ils assisteront aux assemblées avec voix délibérative et auront droit de jeton suivant l'usage. Ils ouvriront le théâtre à la Comédie-Italienne mercredi prochain, 3 février, par On ne s'avise jamais de tout (Opéra-Comique en 1 acte en prose de Sedaine, musique de Monsigny) et Blaise le savetier (de Sedaine, musique de Philidor). La réunion de l'Opéra-Comique à la Comédie Italienne n'ajoutera aucune entrée à celles qui existent actuellement à la Comédie et dorénavant les auteurs des Opéra-Comique, tant musique que paroles, n'auront droit à donner qu'un billet chacun par représentation de leurs pièces.
Fonds à rembourser au sieur Laruette : 1,350 f
Arrêté du 29 janvier 1762

Laruette [La Ruette], Jean-Louis (b Paris, 7 March 1731, d Paris, 10 Jan 1792). [Chanteur et compositeur français. Il fit ses débuts aux foires en Septembre 1752. Son rôle le plus important dans les opéras-comiques mêlés d'ariettes, était sans doute celui du magicien dans Le Diable à quatre de Sedaine en 1756. Les vaudevilles et pastiches étaient généralement anonyme, si bien qu'il est difficile de dater ses compositions avant Le Docteur Sangrado.]
(extrait traduit de l'article par M. Noiray) [MM]

*Ces exemples ont été trouvés dans les articles de Paulette Letailleur consacrés à Laruette.

La femme de Laruette, Marie-Thérèse (née Villette) fit carrière à l'Opéra et à la Comédie Italienne de 1758 à 1777, jouant souvent des rôles de jeunes filles ou de soubrettes. Elle avait une jolie voix, et sa réputation grandit après son mariage avec le compositeur en 1763. Après la mort de celui-ci, elle épousa en secondes noces le conte d'Aurignac. Les femmes du diable par Arsène Houssay 1867

Madame Laruette : à ses débuts elle chanta les niaiseries, des chercheuses d'esprit. Savait-elle comment l'esprit vient aux filles ? Elle jouait sans rien comprendre à ses rôles ; mais elle joua bientôt avec toutes les finesses du monde. Joua-t-elle mieux ? Oui : l'art vaut mieux que la nature. Je parle au théâtre. Son mari commenca par lui en remontrer, mais comme elle prit sa revanche. Dieu n'a pas mis pour rien la femme sous l'arbre de la science.

La comédie à la cour de Louis XVI : le théâtre de la reine à Trianon / Adolphe Jullien -J. Baur (Paris)-1875
Quant à la comédie de Favart, /Mt~ee~6'e~-M~e, attribuée à tort à Voisenon, et imitée du conte de Voltaire, /'Fa~ca M)H des filles, le succès qu'elle obtint à la Comédie-Italienne, en août 1765, était dû partie à son ton égrillard, partie au jeu de Mme Laruette, qui rendait le rôle d'Isabelle avec une naïveté charmante et une simplicité enchanteresse. Mais la musique était d'une faiblesse extrême « Il n'y a rien à en dire, écrit Grimm, ce sont des chansons, de petits airs qui n'en méritent pas le nom et dès que M. Blaise veut s'élever au delà du couplet, il devient mauvais.

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