Hélène Clerc-Murgier Pauline Warnier

André-Ernest-Modeste Grétry  est né d'un père violoniste.
Il est placé à la Collégiale comme enfant de chœur. L'arrivée dans sa ville natale d'une troupe de chanteurs italiens, qui jouait les opéras de Pergolèse et de Buranello, lui donna un goût passionné pour l'art dans lequel il se rendra ensuite célèbre.
« Je n'eus pas assez de patience pour m'en tenir à mes leçons do composition, dit-il; j'avais mille idées de musique dans la tête, et le besoin d'en faire usage était trop vif pour que je pusse y résister. Je fis six symphonies; elles furent exécutées dans notre ville avec succès. »

Rome-Genève puis Paris

Il part en 1760 pour Rome, y étudie et commence à composer. C'est en entendant un opéra de Monsigny qu'il sent tout à coup sa véritable vocation. II s'éprend de passion pour l'opéra comique français.
Il décide de rejoindre Genève, rencontre Voltaire, compose son premier opéra-comique, Isabelle et Gertrude. Voltaire lui conseille d'aller directement au but et de se rendre à Paris, seul endroit, disait-il, où l'on peut aller promptement à l'immortalité. Grétry suit ce conseil et arrive bientôt dans la grande ville, plein d'espérance.
« C'est ici (...) qu'il faudrait une plume exercée pour décrire ce que j'entrevis de fâcheux sur la mine des musiciens rassemblés : un froid glacial régnait partout si je voulais, pendant l'exécution, ranimer de ma voix ou de mes gestes cette masse indolente, j'entendais rire à mes cotés, et l'on ne m'écoutait pas. »

Mariage

Il se marie en 1771 avec Jeanne-Marie Grandon, fille du peintre lyonnais Charles Grandon et peintre elle-même. Ils auront trois filles : Jenny, Antoinette et Lucile, qui deviendra elle-même compositrice*.

Le succès

À la suite du succès qu'obtient son Huron à Paris en 1768, il compose une quinzaine d'opéras et plus de quarante opéras-comiques jusqu'en 1803. Après avoir été directeur de la musique de la reine, il devient, après la Révolution, protégé de Napoléon, qui le décore chevalier de la Légion d’honneur en 1802. Un air tiré de La Caravane du Caire composé par Grétry deviendra, après adaptation, un des chants militaires les plus populaires au sein de la Grande Armée : La Victoire est à nous.

Il est nommé inspecteur de l'enseignement au Conservatoire de musique, il en remplit d'abord les fonctions ; mais au bout de quelques mois, le besoin de recouvrer sa liberté lui fit demander sa démission.
En 1789, il lui avait été accordé une pension de mille francs sur la caisse de l'Opéra le roi lui en donna une autre de mille écus, vers le même temps, et la Comédie italienne le mit au nombre de ses pensionnaires, en 1786.

« A ces revenus assez considérable se joignait le produit de diverses sommes qu'il avait placées sur l'État la révolution de 1789 renversa l'édifice de sa fortune. Le succès éclatant de ses ouvrages, à l'époque où ils furent remis en scène, par Elleviou, et le produit considérable qu'il en retirait, joint à une pension de quatre mille francs qui lui avait été accordée par Napoléon, lui rendit l'aisance qu'il avait perdue, et il en jouit jusqu'à la fin de ses jours. »

Couvert de gloire, il est nommé à l'Académie en 1795 et se retire dans l'ancienne propriété de Jean-Jacques Rousseau, à Montmorency. Suivant ses volontés, il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (11e division) mais son cœur, rapatrié dans sa ville natale en 1842, est déposé dans une urne qui est toujours visible dans une niche du socle de sa statue en bronze, en face de l'Opéra Royal de Wallonie.

D'après : Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. [vol. 4] / par F.-J. Fétis, Éditeur : Firmin-Didot (Paris) Date d'édition : 1866-1868

OEUVRE de André Grétry :

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Opéras

1765 :
- La Vendemmiatrice

1766 :
- Isabelle et Gertrude, ou les Sylphes supposés

1768 :
- Les Mariages samnites
- Le Connaisseur
- Le Huron

1769 :
- Lucile
Le quatuor vocal « Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille » apporta la gloire au compositeur. La mélodie sera reprise plus tard par Henri Vieuxtemps dans l'adagio de son Cinquième concerto pour violon.
Quelques mesures de cette œuvre ont longtemps servi d'indicatif de début et de fin des émissions radio de la radio publique belge (RTBF).
- Le Tableau parlant
- Momus sur la terre

1770
- Sylvain
- Les Deux Avares
- L'Amitié à l'épreuve

1771
- L'Ami de la maison
- Zémire et Azor

1773
- Le Magnifique
- La Rosière de Salency
- Céphale et Procris, ou l'Amour conjugal

1775
- La Fausse Magie

1776
- Les Mariages samnites
- Pygmalion

1777
- Amour pour amour
- Matroco

1778
- Le Jugement de Midas
- Les Trois Âges de l'opéra
- L'Amant jaloux ou les Fausses Apparences
- Les Statues

1779
- Les Événements imprévus
- Aucassin et Nicolette ou les Mœurs du bon vieux temps

1780
- Andromaque

1781
- Émilie ou la Belle Esclave

1782
- Colinette à la cour ou la Double Épreuve
- L'Embarras des richesses
- Électre
- Les Colonnes d'Alcide

1783
- Thalie au nouveau théâtre
- La Caravane du Caire

1784
- Théodore et Paulin
- Richard Cœur-de-Lion.
L'air Ô Richard, Ô Mon Roy deviendra l'hymne royaliste pendant la Révolution, entonné par les Gardes du Corps et le régiment de Flandre devant la famille royale, à l'Opéra de Versailles, cause directe de la marche des parisiennes sur le Palais de Versailles. C'est cet air que choisit Vautrin pour prévenir Eugène de Rastignac qu'il veille sur lui dans Le Père Goriot d'Honoré de Balzac. L'air Je sens mon cœur qui bat qui bat / Je ne sais pas pourquoi est repris dans La Dame de pique de Tchaïkovski, par le personnage de la Comtesse, qui évoque ainsi sa jeunesse enfuie...
- L'Épreuve villageoise

1785
- Panurge dans l'île des lanternes
- Œdipe à Colonne

1786
- Amphitryon
- Le Mariage d'Antonio
- Les Méprises par ressemblance, en collaboration avec sa fille Lucile Grétry
- Le Comte d'Albert

1787
- Toinette et Louis, en collaboration avec sa fille Lucile Grétry
- Le Prisonnier anglais

1788
- Le Rival confident

1789
- Raoul Barbe-Bleue
- Aspasie

1790
- Pierre le Grand
- Roger et Olivier

1791
- Guillaume Tell

1792
- L’Officier de fortune
- Cécile et Ermancé, ou les Deux Couvents
- Basile ou À trompeur, trompeur et demi
- Séraphine, ou Absente et présente

1794
- Le Congrès des rois, avec onze autre compositeurs (Henri Montan Berton, Frédéric Blasius, Luigi Cherubini, Nicolas Dalayrac Prosper-Didier Deshayes, François Devienne, Louis Emmanuel Jadin, Rodolphe Kreutzer, Étienne-Nicolas Méhul, Jean-Pierre Solié et Trial fils).
- Joseph Barra
- Denys le tyran, maître d'école à Corinthe
- La Fête de la raison
- Callias, ou Nature et Patrie
- Diogène et Alexandre

1797
- Lisbeth
- Anacréon chez Polycrate
- Le Barbier du village ou le Revenant

1799
- Elisca ou l'Amour maternel

1801
- Le Casque et les Colombes
- Zelmar ou l'Asile

1803
- Le Ménage
- Les Filles pourvues

Œuvres instrumentales

- ballets
- prologues
- Six quatuors à cordes, op.3

Œuvres vocales
- chants révolutionnaires
- romances

Œuvres sacrées

- De Profundis (Requiem)
- Motet « Confitebor »

Écrits
- Mémoires, ou Essais sur la musique (1797)
- De la vérité. Ce que nous fûmes, ce que nous sommes, ce que nous devrions être, Paris, André-Ernest-Modeste Grétry (imprimé chez Charles Pougens),‎ 1801, 3 vol., 21 cm (OCLC 23399671).
- Réflexions d'un solitaire (posth.)

Sa famille

GRÉTRY (Lucile), Fille du précédent, naquit à Paris, vers 1770, et apprit la musique sous la direction de son père. Elle n'était égée que de treize ans lorsqu'elle composa ta musique du petit opéra intitulé le Mariage d'Antonio; cet ouvrage fat joué avec succès à la Comédie-Italienne, en 1780. L'année suivante, cette jeune fille donna, au même théâtre, Toinette et Louis, qui fut moins bien accueilli. Elle se maria vers le même temps, ne fut point heureuse avec son mari, dont elle n'eut point d'enfants, et mourut à la fleur de l'âge, en 1798. La partition du Mariage d'Antonio a été gravée.

GRETRY (André-Joseph), neveu du compositeur, naquit à Boulogne-sur-Mer, le 9 novembre 1774. Aveugle presque de naissance, et littérateur sans talent, passa presque toute sa vie dans un état de malaise et de souffrance dont son oncle aurait pu le garantir si, moins complètement égoïste, celui-ci avait voulu faire usage de son crédit pour lui faire accorder par le gouvernement quelque portion des secours destinés aux gens de lettres malheureux. Tombé dans la plus affreuse misère, cet infortuné est mort d'hydropisie, à Paris, le 10 avril 1820. On a de lui plusieurs comédies, jouées sur les théâtres secondaires, quelques romans bientôt oubliés, et des livrets d'opéras mis en musique par son oncle, mais non représentés. Il n'est cité ici que pour une détestable rapsodie, intitulée: Grétry en famille, 1 ou Anecdotes littéraires et musicales, relatives à ce célèbre compositeur, qu'il publia à Paris, en 1815, un volume in-8». On connaît aussi sous son nom quelques romances dont il avait fait les paroles et la musique.

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